Stéphane Bouchard, potier

Stéphane Bouchard, potier

 

Charlevoix : une région du Québec ou le majestueux fleuve Saint-Laurent rencontre des montagnes rondes et harmonieuses. Des paysages à couper le souffle, une plage accessible (bien que l’eau soit glaciale) et une lumière et un silence propice à la création artistique : musique, peinture, forge, sculpture, verre soufflé...

Enfant, je jouais à copier ou plutôt à imiter les peintres installés devant leurs chevalets. Avec les années, l’envie de créer fit son chemin et je réussi à trouver un emploi d’été dans un atelier de poterie de mon village. J’étais l’apprenti d’une potière qui, à l’époque, possédait déjà vingt ans d’expérience. Mon apprentissage, par contre, commença par la fin. Habituellement, un potier débute sa création par le tour et parachève sa pièce, étape par étape, jusqu’à la touche finale. J’ai plutôt commencé par essuyer, enfourner, défourner, pour ensuite faire l’émaillage. Mais comme je désirais en apprendre toujours plus elle m’enseigna finalement le début : soit l’art du tour. 

Deux artistes accomplis m’ont transmis, petit à petit, tout leur savoir. M. Marc DeBlois, diplômé en design, peintre aux couleurs éclatées et sculpteur de bas relief m’enseigna le marketing, la mise en valeur des produits, la relation avec la clientèle, l’image de marque et plus encore. Mme Joan Côté DeBlois de son côté me dévoila la pureté des lignes,  l’esthétisme, le design d’une pièce, son utilité et tous les rudiments de la poterie. L’apprentissage fut ardu car le standard de qualité était très élevé… il fallait que mon travail soit à la hauteur. Ce fut une école très difficile mais combien profitable.

Le tour se transforma en une réelle passion et je peaufinais mon art durant les longs hivers à la chaleur du poêle à bois ou à celle des fours à poterie. Dans ce silence et cette solitude je devins semblable à mes mentors : un travaillant. Je ne suis pas de ceux qui croient à l’inspiration soudaine et à l’attente que quelque chose se passe. Je suis plutôt d’avis que c’est en travaillant que l’on développe son potentiel, que c’est à force d’inventer que l’on réussit à produire des pièces magnifiques et que finalement c’est en s’acharnant que l’on obtient nos meilleurs résultats… C’est la méthode qui m’a été enseignée et suis certain que c’est la bonne. La passion oui, mais soutenue par les efforts, les essais, les erreurs, les bons coups, mélangés à de la créativité, de la spontanéité et à une pointe d’excentricité.

Un autre été s’annonça et un nouveau processus de formation  s’amorça : l’apprentissage de l’art traditionnel japonais du RAKU. Complètement différent de la poterie, ce nouveau monde me désarçonna. Je n’avais jamais vu pareil travail et j’en fus totalement ébloui. Je regardais Mme DeBlois tourner et j’en oubliais presque toutes les règles qu’elle m’avait enseignées. J’ai compris alors qu’il ne fallait pas tourner seulement avec sa tête et ses mains mais surtout avec son cœur, car le RAKU, c’est une histoire de cœur, de « feeling ».

Je me suis mis alors à créer tout en essayant de m’imprégner de cette philosophie. Les cuissons, les odeurs de fumées, les effets du feu, les reflets des oxydes de métaux qui changeaient sous l’effet de la chaleur et de l’oxygène, tout ça me faisait vibrer. Tout autant que les cils brûlés, le bas de pantalon enflammé ou encore l’odeur du jambon fumé qui imprégnait mes cheveux. J’ai su capter, je crois, les influences marquantes de M. Tom Smith qui enseigna à Mme DeBlois à Moncton, Nouveau-Brunswick . Une poterie soignée mais imparfaite, des artifices discrets mais présents se laissant découvrir dans le regard des visiteurs, des lignes simples, pures et raffinées et parfois des chemins peu orthodoxes pour arriver à ses fins.

La créativité du Raku versus celle de la poterie fonctionnelle est totalement différente. Le Raku demande un esprit libre, des envies, des pulsions tandis que celle de la poterie fonctionnelle demande d’être plus rationnel, structuré, cartésien. Développer un nouvel item pour la cuisine exige de la recherche et la connaissance des besoins des consommateurs, il faut mettre l’article à l’épreuve pour voir s’il rempli bien sa fonction. Par chance, j’aime cuisiner et souvent je me mets au défi de trouver quelque chose qui pourrait simplifier ma vie en cuisine. À force de chercher, d’innover, on réussit toujours à trouver deux ou trois nouveautés à chaque année. Tout cela dans le but d’interagir avec les clients, surtout avec ceux qui croient tout avoir, mais aussi pour se tenir au goût du jour et tenter d’être à l’avant-garde. C’est important; tout évolue… même la poterie!

L’entreprise est intimement liée à la beauté de Charlevoix. Elle est devenue un incontournable pour les villégiateurs qui viennent séjourner dans cette magnifique région. Nous offrons à nos visiteurs des produits de qualité, uniques, esthétiques, utilitaires et abordables. Nous sommes animés par le souci d’être avant-gardiste et ne ménageons pas les efforts pour laisser libre cours à notre créativité.

Quelle belle réalité ! Un monde entre fleuve et montagnes qui a tout pour stimuler la créativité et la joie de vivre.